DANS LES MÉDIAS

LE FIGARO : "Au Sénat, les courants centraux s'éparpillent"
Hervé Marseille 04/10/2017

Le groupe Les Républicains se renforce au sein de la Haute Assemblée, en dépit de la constitution d'un groupe d' « Indépendants » . La République en marche n'a que 21 sénateurs.

  Tabard, Guillaume

 
SÉNAT  Le parallèle est trompeur. Comme l'Assemblée nationale, le Sénat compte désormais sept groupes politiques, soit un de plus qu'avant le renouvellement du 24 septembre. Mais les contours sénatoriaux ne recoupent pas ceux des députés. Ainsi, entre les deux principaux groupes, Les Républicains à droite et les socialistes à gauche, les quatre groupes centraux n'ont pas le même périmètre. Au Sénat en effet, les deux familles centristes du MoDem et de l'UDI continuent de constituer un unique groupe, l'Union centriste, alors qu'à l'Assemblée, le MoDem a son propre groupe, deuxième pilier de la majorité présidentielle, distinct des élus UDI qui, eux, ont formé le groupe des Constructifs avec d'anciens élus LR. Par voie de conséquence, le nouveau groupe République et Territoires-les Indépendants de droite et du centre ne peut pas être considéré comme le pendant des Constructifs. La progression de la droite le 24 septembre dernier permet au groupe Les Républicains de progresser. Il compte aujourd'hui 146 membres, soit quatre de plus qu'à la veille du renouvellement. Ils seront même 148 après les deux partielles qui désigneront les successeurs d'Henri de Raincourt et François Baroin, démissionnaires, et qui devraient être remportées sans difficulté par la droite.  Les Républicains auraient pu atteindre, voire battre, leur record historique de 2004 (156 élus), s'ils n'avaient pas enregistré la défection de ces Indépendants entraînés par l'ancien ministre Claude Malhuret. L'opération Constructifs au Sénat a capoté après la décision de la juppéiste Fabienne Keller de rester chez Les Républicains. Mais Malhuret est parvenu à atteindre le seuil minimum de dix sénateurs grâce au renfort d'un sortant centriste, et deux élus d'une liste LREM : Colette Melot, sénatrice sortante LR, mais élue comme tête de liste macroniste, et Emmanuel Capus, adjoint du juppéiste Christophe Béchu à la mairie d'Angers.  Le choix de ces deux macronistes d'adhérer au groupe des Indépendants a affaibli un peu plus le groupe La République en marche. Celui-ci comptait 29 membres lors de sa constitution, en juin dernier, autour de l'ancien président de la région Bourgogne François Patriat ; il n'en compte plus que 21. Il faut dire que ses listes n'étaient pas constituées uniquement de candidats LREM. Ainsi, tête de liste dans le Pas-de-Calais, Jean-Marie Vanlerenberghe est resté membre du groupe Union centriste. Ce revers est sévère pour le parti d'Emmanuel Macron. Non seulement son résultat du 24 septembre a été très en deçà de ses espérances, mais il n'a pas su attirer ni même retenir au sein de son groupe sénatorial tous ceux qui revendiquent de soutenir l'action du président de la République.  Et cela a fait les affaires du groupe de l'Union centriste, désormais présidé par l'ancien maire de Meudon Hervé Marseille, qui réalise la plus forte progression. Il passe de 42 à 49 élus. Comme sous la précédente mandature, ce groupe fait ainsi cohabiter centristes de la majorité et centristes d'opposition. Le suppléant de Jacqueline Gourault, qui restera au gouvernement - elle est ministre auprès de Gérard Collomb -, siégera par exemple au sein de ce groupe UC qui a intégralement soutenu Gérard Larcher pour l'élection au « plateau » .  Motif supplémentaire de déception pour les macronistes. Leur groupe est désormais rattrapé par celui du RDSE, le groupe traditionnel des radicaux de gauche qui gagne cinq sièges grâce à l'arrivée des radicaux de droite, de deux écologistes, Joël Labbé et Ronan Dantec, « orphelins » de groupe depuis la disparition de celui formé en 2011 par Europe écologie-Les Verts, et même d'un macroniste Éric Gold qui conduisait la liste LREM dans le Puy-de-Dôme.  Les socialistes perdent autant de sièges que LREM, huit, mais ce recul était attendu compte tenu de la composition du corps électoral issu des municipales de 2004 calamiteuses pour le PS. Mais si cette perte fut une surprise désagréable pour les macronistes, elle fut plutôt une heureuse surprise pour le PS qui redoutait un recul plus marqué.  Les communistes, aussi, ont limité la casse. Ils risquaient gros pourtant puisque seize de leurs dix-huit sortants étaient renouvelables. Ils se retrouvent à 15 grâce au renfort de deux sortants qui appartenaient à d'autres groupes : l'écologiste Esther Bassa (élue dans le Val-de-Marne, réélue à Paris) et l'ex-RDSE Pierre-Yves Collombat (Var) G.T.