DANS LES MÉDIAS

La Croix: « L’UDI devra participer à une primaire présidentielle avec l’UMP »
14/06/2013

Jean Arthuis, sénateur de la Mayenne et vice-président de l’UDI, était jeudi 13 juin l’invité de l’émission « Face aux chrétiens » animée par Jean-Michel Blier.
Jean Arthuis le 27 janvier 2011 à Paris. Il répondait aux questions d’Éléonore Veillas (Radio Notre-Dame), Romain Mazenod (RCF) et Laurent de Boissieu (La Croix). Avec cet article
Jean-Louis Borloo promeut l’idée d’une "loi d’unité républicaine"
L’UDI tient samedi 15 juin son premier conseil national. Jean-Louis Borloo est-il le nouveau leader du centre droit, après Valéry Giscard d’Estaing et François Bayrou?   Jean Arthuis : Jean-Louis Borloo s’est imposé très vite comme leader parce qu’il est celui d’entre nous qui a la plus forte notoriété. Notre famille s’est rassemblée pour retrouver enfin sa place sur l’échiquier politique, c’est-à-dire au centre droit. La greffe centriste n’a pas vraiment pris à l’UMP. C’est si vrai que lorsqu’est venu le temps de se choisir un président, il y a eu les candidatures de François Fillon et Jean-François Copé (tous deux issus du RPR, NDLR) mais il n’y a pas eu un seul candidat issu des formations centristes.   L’UDI doit-elle partir seule ou en coalition aux élections européennes de 2014?   Jean Arthuis : Il faut d’abord que l’UDI plante son drapeau.S’il y a une élection qui doit permettre à l’UDI d’exister, d’émerger, c’est l’élection européenne. Mais si des personnalités issues des rangs de l’écologie ou du MoDem veulent nous rejoindre, nous sommes ouverts. Il ne s’agit pas simplement de faire un programme franco-français, il faut que nos propositions aient un écho dans les autres pays de l’Union européenne et que nous puissions dire assez rapidement dans quel groupe nous irons siéger. Moi je pense que c’est l’ADLE (NDLR : où siège actuellement le MoDem, l’UDI étant aujourd’hui avec l’UMP au groupe PPE). L’Europe doit aller jusqu’au bout de sa construction et accepter un fédéralisme européen. Quand on partage une monnaie unique, on partage une souveraineté. Il faut en tirer les conséquences, c’est-à-dire mettre en place un gouvernement européen économique et financier.   L’UDI doit-elle participer avec l’UMP à une primaire présidentielle de toute la droite?   Jean Arthuis : Cette question n’a pas été tranchée mais elle va forcément se poser. Il faudra aussi que l’UMP clarifie jusqu’où aller à droite : je veux croire que cela n’ira pas jusqu’au FN. Mais nous n’allons pas attendre 2017 pour faire des propositions et l’opposition n’est pas là pour mener une espèce de guerre civile contre la majorité. Quand nous aurons un projet, nous devrons être capables de participer à une primaire de la droite et du centre droit. L’élection présidentielle est ainsi faite qu’au second tour il ne reste que deux candidats. Il faut dire de quel côté nous pencherons. Il y a eu une vraie déchirure entre les deux tours de la dernière présidentielle entre François Bayrou (NDLR : qui a voté à titre personnel François Hollande) et moi.   Il y a un an tout juste, François Hollande, en campagne électorale, appelait, dans son discours au Bourget, à un « nouveau traité franco-allemand ». Pourquoi estimez-vous de votre côté que l’actuel traité a pris un coup de vieux ?    Jean Arthuis : Le présent traité a été décisif pour impulser de manière très forte les échanges entre jeunes, les jumelages entre villes. Il a permis en particulier la création de l’Office franco-allemand pour la jeunesse. Mais les jeunes des années 1960 et 1970 ont pris de l’âge.  Il faut aujourd’hui de nouvelles impulsions pour remettre des étoiles à l’horizon des jeunes, qui connaissent actuellement le chômage. Pour qu’ils trouvent dans l’Europe des motifs d’espérance.   Cela exige-t-il un nouveau traité ?    Jean Arthuis : Ces traités servent de déclarations d’intention. Mais un nouveau traité pourrait porter sur des projets concrets. Comme une union fiscale franco-allemande. Nous en sommes très loin : l’écart du niveau de dépenses publiques entre nos deux pays est considérable. Nous ne prenons pas le chemin de la convergence.  Un traité devrait aussi approfondir la coopération militaire. Nous disposons d’une brigade franco-allemande mais l’on reste dans le registre du symbolique, du théâtral. Il est anormal qu’existe une chef de la diplomatie européenne (Catherine Ashton, NDLR.), dotée d’un service européen d’action extérieure, sans que soit élaborée une doctrine européenne de défense.   Ce nouveau traité pourrait aussi doter l’union monétaire d’un véritable ministre européen des finances à temps plein, à la tête d’un Trésor européen, devant une assemblée parlementaire démocratique reflétant la zone euro. Un traité aussi pour conforter le développement d’Arte et en faire la chaîne du service public européen, financée pas seulement par la France et l’Allemagne. Tout cela dépasse le cadre franco-allemand…    Jean Arthuis : L’amitié franco-allemande n’est pas exclusive. Elle doit impulser la marche en avant de l’intégration européenne, mais en restant ouverte à ceux qui désirent s’y associer. C’est le cas en particulier aujourd’hui de la Pologne.   Recueilli par SÉBASTIEN MAILLARD