DANS LES MÉDIAS

Les pères fondateurs de l'Europe se sont bien vite heurtés aux nationalismes. Après les espoirs suscités par la Communauté du charbon et de l'acier, le rejet de la Communauté européenne de défense a barré momentanément la voie de l'intégration politique. Adeptes de Montesquieu selon lequel « le commerce adoucit les moeurs », ils ont mis le cap sur le « marché commun ». Elargi et approfondi, le marché commun est devenu « marché unique ». La libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes a apaisé les nationalismes et établi la paix. Mais l'Europe, en son sein, n'a pas mis fin aux égoïsmes nationaux. L'épisode des panneaux photovoltaïques chinois illustre une nouvelle fois les progrès à accomplir pour relever les défis de la mondialisation. Le marché a besoin de règles sans lesquelles la loi de la jungle ne tarde pas à s'instaurer. L'Europe a besoin d'une politique commerciale claire et lisible. Le saut qualitatif ne peut attendre sauf à accepter la récession, les drames sociaux et le chaos. En instituant la monnaie unique nous avons donné au marché unique la stabilité monétaire sans laquelle il allait au désastre du fait des dévaluations compétitives qui brisaient la croissance et propageaient le chômage. En fait, nous avons partagé une souveraineté sans prendre les moyens de l'assumer. Il en est résulté une scandaleuse non-gouvernance aboutissant fatalement à la crise des dettes souveraines. Les partenaires viennent enfin de prendre la mesure de leur solidarité. L'heure du réveil a sonné. Les Etats membres qui ont opté pour l'euro ont pris un billet d'aller sans retour vers l'intégration politique. La démonstration est faite. L'Europe a besoin d'une vision collective pour mettre en oeuvre une politique industrielle, une politique énergétique, une harmonisation fiscale et sociale, lutter contre les paradis fiscaux et les fraudes. La paix est la fierté de l'Europe. Sa préservation exige une ambition de croissance équilibrée et de plein emploi. Nous avons tous les atouts pour réussir, à condition de faire taire les égoïsmes nationaux. C'est dire l'urgence d'un gouvernement économique, financier et budgétaire. D'abord pour assurer le pilotage politique de la zone euro, étant entendu que tous les autres Etats de l'Union européenne ont vocation à s'y intégrer le plus rapidement possible. Une dynamique constructive est enclenchée : la coordination budgétaire, l'union bancaire, le Mécanisme européen de stabilité, préfiguration de l'union budgétaire.