Les questions

Santé
Gérard Roche 19/02/2015

«Situation de la médecine libérale»

M. Gérard Roche 

Au fil des décennies, notre système de santé est devenu de plus en plus performant sur le plan technique, et donc de plus en plus spécialisé, ce qui correspond à l’évolution naturelle des besoins en santé d’un pays moderne. Mais au fur et à mesure que cette tendance s’est affirmée, la médecine générale s’est sentie dévalorisée. Cette médecine est pourtant essentielle. Elle constitue les fondations de notre système de santé : elle prend en charge la globalité de la personne et l’accompagne dans son parcours de soins. En conséquence, le champ de compétences attendu du médecin généraliste est toujours très large, multidisciplinaire ; il englobe l’urgence ou la pédiatrie aigüe, pour ne citer que ces exemples. Dans ces conditions, le manque d’attrait suscité chez les jeunes qui se lancent dans cette profession est extrêmement problématique. La concrétisation de la médecine générale en « spécialité à part entière » n’a, hélas, pas assez changé les choses, et la médecine générale reste encore insuffisamment reconnue. Elle doit donc être revalorisée. Cette revalorisation devrait se faire sur plusieurs plans. Le médecin généraliste devant pouvoir faire face à des fonctions réelles d’urgentiste, de pédiatre, ou encore de psychiatre, je l’ai dit, sa formation doit, bien sûr, être reconsidérée. La question de la rémunération se pose également, mais, à mon avis, elle n’est pas essentielle. La surcharge du travail administratif compte, surtout ; cet argument a été largement développé lors des dernières grèves. Ce qui entre en jeu, et de façon majeure, c’est non seulement la solitude face au poids des responsabilités, mais aussi la fatigue, l’usure résultant de la nécessité d’assurer la permanence des soins. Madame la ministre, vous favorisez les regroupements de professionnels dans des maisons médicales ; nous nous en félicitons. Mais l’angoisse de nos populations face à la désertification médicale reste très grande. Dans le contexte actuel, il m’a donc semblé important que vous nous exposiez les actions que vous entendez mener pour revaloriser la médecine générale. Je me permets de vous le demander car, à titre personnel, je puis attester qu’il s’agit d’un métier certes très exigeant, mais très beau, qui est même pour certains, au-delà encore, une vocation. (Applaudissements sur les travées de l’UDI-UC.)

Réponse de Mme Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des Femmes

Monsieur le sénateur – et docteur ! – Roche, vous avez raison d’insister sur l’importance de la médecine générale et des médecins généralistes. Derrière l’expression « médecine générale », il y a des hommes et des femmes engagés au quotidien auprès de leurs patients. De façon très solennelle, je veux réaffirmer dans cet hémicycle l’importance de ces médecins, qui sont le plus souvent, d’ailleurs, nos médecins traitants. Le projet de loi que je vous présenterai en témoignera. L’un des enjeux de ce texte est de faire en sorte, en effet, que leur rôle soit mieux valorisé, mieux identifié, mieux reconnu dans le parcours de soins et dans l’organisation des soins de proximité. Cela passe par une valorisation de la formation des futurs médecins généralistes. Aussi ai-je insisté sur la nécessité de faire des stages et de multiplier le nombre de médecins maîtres de stage. Les résultats sont là ; deux tiers des étudiants ont effectué un stage de médecine générale en 2014, contre 40 % seulement en 2011, stage qui leur donne le goût de ce métier. J’ai par ailleurs demandé au professeur Pierre-Louis Druais, président du collège de la médecine générale, de me faire des propositions pour prolonger ces actions et renforcer la place de la médecine générale. Je veux également rappeler que des revalorisations sont intervenues : des forfaits, que j’ai mis en place en 2012 pour les médecins traitants, et valables pour l’ensemble de leurs patients, ainsi qu’une revalorisation spécifique de la consultation pour les personnes âgées, le plus souvent pratiquée par des médecins généralistes, ont été autorisés. Des revalorisations financières concrètes, en somme, à destination de ces médecins, dont je veux réaffirmer, avec vous, monsieur le sénateur, la place centrale dans notre système de soins.

Réplique de M.Gérard Roche 

Je veux seulement remercier Mme la ministre, qui a dit les mots que nous attendions et que nous voulions entendre ! (Applaudissements sur les travées de l’UDI-UC.)